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Répondre au développement des filières « Non OGM »

Accompagner la mise en place des nouvelles Conditions de Production Communes

Courant 2021, les Conditions de Production Commune (CPC) des Labels Rouges Gros Bovins, Agneaux, œufs et viande volailles ont été revues pour intégrer notamment le critère d’une alimentation « non OGM <0,9% » à l’ensemble des cahiers des charges Label Rouge propres à ces filières.

L’évolution de ces CPC ont pour ambition de mieux répondre aux attentes des consommateurs en termes d’alimentation des cheptels, de bien-être animal…

Ces nouvelles règles sont d’ores et déjà entrées en vigueur pour les filières Label Rouge en viande bovine et en œufs, les arrêtés fixant les conditions de production communes (CPC) de ces filières ayant été publiés le 6 août 2020 pour les gros bovins, le 12 avril 2021 pour les agneaux et le 28 mai 2021 pour les œufs de poule. Les nouvelles CPC des filières volailles de chair sont quant à elles en cours de consultation publique avant publication.

La Coopération Agricole Nutrition animale se félicite de la reconnaissance par les filières des garanties de sécurité sanitaire apportées par la certification OQUALIM. Ainsi les CPC « œufs » et « volailles de chair » intègrent l’obligation pour les usines de fabrication d’aliments d’être certifiées OQUALIM-RCNA ou équivalent ainsi que l’obligation pour les fabricants à la ferme de s’approvisionner auprès de fournisseurs certifiés OQUALIM-RCNA en cas d’achats d‘aliments, d’additifs et de prémélanges ne provenant pas de la ferme.

Ce basculement des CPC Label Rouge en « non OGM » intervient en un moment de forte tension en ce qui concerne les disponibilités en Soja « non OGM » dont l’offre sur le marché mondial s’est fortement contractée depuis le printemps 2021, bouleversant l’équilibre économique des filières « non OGM ».

Informer les filières sur les tensions du marché du non OGM

Depuis fin mars, suite à un manque de disponibilité chez les principaux producteurs, le marché des tourteaux de soja non-OGM connaît une tension importante se traduisant par une flambée de la prime non OGM.

Dès le mois d’avril, la Coopération Agricole Nutrition animale, sur la base de l’expertise de ses Commission « Matières Premières » et « Filières Qualité » a alerté les filières des risques de tension sur les prix et les disponibilités en protéines non OGM pour alimenter les filières sous cahier des charges « non OGM ».

Afin de pallier le manque de disponibilité en soja non OGM, les fabricants ont mis en place des stratégies d’économie du soja en ayant recours à des matières premières parfois plus onéreuses. Ces stratégies ont permis aux usines d’économiser 20 à 25% de soja sans dégrader les performances zootechniques des aliments. Aller au-delà risquerait d’avoir un impact sur les performances d’élevage et sur la qualité des produits animaux notamment pour les espèces où le recours au soja est incontournable compte tenu de sa richesse en protéine et de son profil en acides aminés : porcelet, poulet démarrage, dinde notamment.

Bien que non souhaitable, le scénario de rupture est envisagé. Aussi, des échanges ont été engagés avec les fédérations d’ODG et l’INAO pour alerter sur la situation et étudier des solutions rapidement mobilisables en cas de rupture avérée.

Si la situation reste très préoccupante en termes de disponibilité en cette fin d’année, la question du surcoût préoccupe encore davantage les fabricants d’aliments. En effet, le niveau de la prime non OGM devrait rester élevé et il apparaît indispensable de pouvoir répercuter ce surcoût au sein des filières. La Nutrition Animale continue à mener des échanges avec les interprofessions et l’INAO afin de les sensibiliser sur ces points.

Promouvoir le STNO et accompagner la reconnaissance avec VLOG

Dans le cadre de leur reconnaissance mutuelle, OQUALIM et VLOG ont mis en évidence des différences de méthodologie de détection des OGM. Plus précisément, VLOG recherche le soja génétiquement modifié (impuretés botaniques) dans les formules d’aliments sans soja, tandis que la recherche des impuretés botaniques n’est pas requise dans le cadre de la certification RCNA-STNO. Cette différence mène à des questionnements terrain, en particulier lorsque les aliments issus d’usines certifiées STNO sont destinés à des éleveurs VLOG. Aussi, OQUALIM et VLOG souhaitent mieux cerner la probabilité de détecter du soja dans des aliments sans soja produits par des usines certifiées STNO. A cette fin, un protocole de test est en cours de préparation.

Les participants au plan STNO ont été sollicités afin de participer au plan de test.

Contribuer au volet aliment des cahiers des charges

Nombre de cahiers des charges sous signes officiels de la qualité de l’origine (SIQO) s’interrogent quant à l’opportunité de progression, de différenciation et de valorisation de leurs productions. Des questions se posent ainsi sur la dimension donnée au local ou à l’utilisation de certaines matières premières.

Séminaire Sylaporc : Contributions de l’alimentation animale pour la durabilité des filières porc Label Rouge.

Mi-janvier, le Sylaporc a organisé avec LCA Nutrition Animale et le SNIA, un séminaire sur la durabilité de l’alimentation en filière Porc Label Rouge. Avec une quarantaine de participants, ce séminaire a été l’occasion d’échanges riches entre les fabricants d’aliments et les Organismes de défense et de gestion (ODG), sur les questions de formulation, durabilité, bien-être, santé animale et qualité de la viande. Il a permis à la filière de prioriser les enjeux de durabilité de l’alimentation des porcs Label Rouge, dans l’objectif de formuler des pistes de différenciation. En particulier, dans le contexte actuel de révision des Conditions de Production Communes, les adhérents du Sylaporc ont souligné la pertinence d’une liste négative de matières premières et d’additifs afin de garder ouvert le champ des possibles en formulation, en lien notamment avec les avancées dans le domaine du bien-être animal ou des approvisionnements durables. D’autres problématiques ont été abordées, parmi lesquelles l’utilisation de l’huile de palme, les approvisionnements en céréales françaises, les moyens de réduire les antibiotiques, le soja « non déforestant ».

Les échanges avec les filières Label devraient se poursuivre au travers d’un séminaire similaire dédié aux productions de viandes Label Rouge dans leur ensemble, envisagé en partenariat avec Fil Rouge.

Evolution du volet alimentation des animaux des cahiers des charges AOP – Rencontrer les parties prenantes

Attentive aux orientations prises par les AOP en matière d’alimentation animale, ayant une répercussion directe sur la structuration des filières et des entreprises ainsi que sur leur compétitivité, la Coopération Agricole Nutrition animale souhaite renforcer le dialogue avec l’INAO et les AOP pour être partie prenante de l’évolution du volet aliment des cahiers des charges dès le début des réflexions, proposer des solutions de mise en œuvre pragmatiques, crédibles et créatrices de valeur pour les filières.

Dans le cadre d’une recherche de relocalisation des approvisionnements des élevages par exemple, le secteur de la nutrition animale a des propositions concrètes à faire valoir, basées notamment sur des approches en équivalence massique.

En parallèle, une concertation commune à LCA Nutrition Animale, au SNIA et aux associations régionales de fabricants, permettra d’adopter une approche collective sur ce dossier fédérateur et assurer une bonne coordination des actions entre le national et le régional.

Proposer des alternatives à l’allégation “100% végétal minéral et vitamines”

Initialement instaurées à la suite de la crise de la vache folle pour rassurer les consommateurs, l’allégation « 100% végétal, minéral et vitamines » a été massivement adoptée par la filière Volaille.

Cette allégation est aujourd’hui remise en cause par la DGCCRF car considérée trompeuse dans la mesure où certains additifs (acides aminés notamment) pouvaient être incorporés dans les formules sans entrer dans le cadre couvert par l’allégation. Ainsi, depuis l’été 2020, plusieurs entreprises ont été mises en demeure de supprimer cette allégation des étiquetages de produits de volailles.

A l’échelle de la nutrition animale, le maintien en l’état de cette allégation conduirait à exclure des aliments des volailles sous allégation un certain nombre d’additifs et leurs supports (enzymes, micro-organismes, acides aminés, supports d’additifs à base de gélatine…).

Dans le cadre des discussions amorcées pour trouver des mentions alternatives, la Nutrition Animale a finalisé une proposition aux côtés de la FIA et du SYNALAF, portée auprès d’ANVOL et du CNPO. Cette proposition s’est orientée vers les mentions « Alimentation végétale, minéraux et vitamines » ou à défaut « Alimentation végétale ». La mention retenue sera accompagnée d’une définition qui viendra préciser les matières premières et additifs inclus.

A date, la DGCCRF n’a pas donné son approbation, la proposition devant être conforme au libellé « « alimenté avec …% de … », imposé par la réglementation.

Répondre aux attentes « locavores » des consommateurs

Comment définir le « local » ?

La crise Covid a renforcé la demande des consommateurs à acheter davantage de produits français ou en circuits courts. Aussi, nombre de cahiers des charges cherchent à recentrer les volets production et alimentation des animaux, sur un périmètre plus « local ».

En ce qui concerne les matières premières, cette progression vers davantage de local vient se heurter à plusieurs enjeux : la définition même donnée au périmètre « local », les disponibilités de matières premières sur les territoires, les flux pouvant être orientés vers l’alimentation animale sur le long terme, la capacité structurelle des entreprises pour répondre à ces demandes. De plus, la marge de progression est fortement dépendante de la structuration des filières. Si les politiques nationales visent à développer des filières protéiques, l’offre reste pour l’heure insuffisante pour satisfaire en totalité les besoins de l’alimentation animale.

La Coopération Agricole soutient les projets de développement de l’offre en protéines françaises et souhaite sensibiliser les porteurs de cahiers des charges sur l’importance de fixer des objectifs progressifs, en cohérence avec les aspects de disponibilité, faisabilité technique et compétitivité économique.

La Commission Matières Premières et la Commission Filières Qualité, communes aux deux syndicats de nutrition animale, ont contribué à ce travail. D’une part, elles ont établi un état des lieux des disponibilités des matières premières principales, capable de dresser les réalités à l’échelle nationale, mais aussi capable de faire ressortir les spécificités aux échelles régionales. D’autre part, elles ont identifié une liste de points clés à intégrer dans la réflexion des entreprises pour répondre de manière pragmatique aux projets de cahiers des charges locaux (disponibilité des matières premières, périmètre d’approvisionnement, pérennité des approvisionnements, clauses de sortie en cas d’aléa climatique ou de production…)

Construire avec les SIQO

Plus de terroir dans l’alimentation des animaux d’élevages sous AOP ? C’est notamment la volonté de l’AOP Beurre Charentes-Poitou, qui a révisé et publié son cahier des charges au JORF le 20 novembre 2020.

L’association régionale AINACO (Centre-Ouest) s’est rapprochée de l’Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes et du Poitou en charge de l’AOP, afin d’être force de proposition sur les modalités d’application de ce cahier des charges.

Aujourd’hui, nombre de cahiers des charges visent à promouvoir un approvisionnement local en matières premières destinées au troupeau, en particulier en filière laitière. Il est essentiel pour les entreprises de pouvoir identifier ces projets le plus tôt possible afin de participer aux réflexions en amont pour proposer aux filières des solutions viables et pragmatiques.

Compte-tenu de la multiplicité des cahiers des charges présents dans chaque usine d’aliment, plusieurs pistes sont actuellement ouvertes pour répondre d’un point de vue opérationnel aux attentes de reterritorialisation de l’alimentation des cheptels. Si un GT inter-régional sera prochainement mis en place pour travailler sur ce sujet, les membres de la Commission Filières Qualité confirment l’importance de travailler en premier lieu sur une solution nationale (basée sur l’approche en équivalences massiques), pour ensuite l’adapter aux spécificités des régions.

La Nutrition Animale a également initié des échanges avec l’INAO afin d’exposer les enjeux relatifs à la multiplication des cahiers des charges définissant une zone d’approvisionnement en matières premières restreinte à la zone de production de l’AOP.


Construire avec les cahiers des charges privés

Comme dans le cadre des SIQO, les coopératives de nutrition animale sont bien souvent consultées trop tard pour la mise en place du volet aliment des cahiers des charges privés. Or il est essentiel de participer à la réflexion bien en amont afin de retenir des exigences pragmatiques et pérennes, notamment en ce qui concerne la faisabilité pour les approvisionnements en matières premières.

En effet, échanger en amont pour mieux comprendre les motivations de la filière demandeuse, les enjeux d’approvisionnement et les points de vigilance (quantité, qualité, impacts sur la performance des élevages, impacts sur l’environnement, impact économique, impact des dérogations), permet de coconstruire des solutions pérennes, crédibles et sources de valeur.

C’est dans cet état d’esprit que les syndicats de la nutrition animale sont intervenus auprès de Danone et de l’organisation de producteurs (OP) Jura Bresse dans le cadre de la mise en place du nouveau cahier des charges de Danone « Matières premières végétales 100% France ». Si les échanges ont été constructifs et ont permis de commencer à sensibiliser les éleveurs aux enjeux d’approvisionnement, la décision a été actée en février d’inscrire l'OP dans la démarche proposée, comprenant une alimentation française.


Le Local à l’honneur de l’AG SOFAB en juin

À l’occasion de l’assemblée générale de So’fab, le 3 juin près de Rodez, les professionnels de la région Sud-Ouest ont pris part à trois ateliers autour de l’approvisionnement des filières régionales, plus particulièrement l’identification des attentes et les réponses possibles de la nutrition animale. Les réflexions ont souligné :

  • L’importance de la définition du local en ayant une approche à la fois nationale et par bassin de production économique,
  • La nécessité de jouer collectif dans l’élaboration des cahiers des charges avec un enjeu fort pour le maillon aliment d’être associé et reconnu, et d’être force de proposition en intégrant la dimension économique,
  • La nécessité de renforcer les liens avec le végétal au travers du dialogue et de la contractualisation, d’être prescripteur au maillon végétal pour servir l’animal,
  • L’importance de travailler les équilibres économiques pour sortir d’une logique d’écrasement des coûts et entrer dans une logique de valorisation en flux tiré,
  • Le besoin de formation des équipes pour expliquer les logiques et mécanismes (pour vaincre la résistance au changement).

S’appuyer sur la certification OQUALIM

La volonté de valoriser les produits agricoles locaux prend de plus en plus d’ampleur également au sein des filières volailles. Dans ce contexte, les cahiers des charges Œufs de France et Volaille française incluront désormais pour les usines de fabrication d’aliments pour animaux, le critère de certification RCNA d’OQUALIM (ou certification d’un schéma reconnu équivalent par OQUALIM).

Accompagner l'évolution du STNE (Socle Technique de la Nutrition Equine)

La maitrise de la contamination des matières premières par des dopants naturels constitue un enjeu majeur des fabricants d’aliments pour chevaux. Aussi, le CNEF (Club de Nutrition Equine Française) a décidé de renforcer le suivi et la gestion du risque dopant en complétant la certification STNE par un plan de surveillance mutualisé des dopants dans les matières premières. Un groupe de travail, coanimé par OQUALIM et le CNEF a été constitué, avec la double mission de construire un plan d’autocontrôles mutualisés vis-à-vis du risque dopant et de réviser le référentiel STNE afin d’aboutir à une version harmonisée par rapport aux autres programmes OQUALIM.

Par ailleurs, une enquête a été menée sur les matières premières utilisées pour la fabrication des aliments pour chevaux certifiés STNE et les analyses SNAPs (substances naturelles alimentaires prohibées) associées.