Jean-Luc Cade Président de La Coopération Agricole Nutrition Animale 

Il est vraisemblable qu’on ne retienne de l’année 2020 que la crise COVID. En effet, cette dernière a affecté profondément la vie quotidienne de nos concitoyens, de nos entreprises coopératives et de leurs salariés. Réorganisation du travail, mobilisation des équipes pour assurer la continuité de l’approvisionnement des élevages tout en développant les gestes barrières et les mesures sanitaires, autant d’enjeux court terme auxquels nos adhérents ont été confrontées et sur lesquels nous les avons accompagnés. Dans cette crise, nos entreprises de nutrition animale ont su démontrer leur résilience et ont accompagné au jour le jour les filières d’élevage. Certaines, très dépendantes de la restauration hors foyer, ont été durement touchées. Contributrices de la richesse gastronomique française, elles devront être spécifiquement accompagnées pour passer le cap et être là demain.

Dans la continuité de la crise COVID, le plan de Relance voulu par le gouvernement mobilise les équipes de La Coopération Agricole Nutrition Animale, notamment sur son volet protéines afin que les aides annoncées correspondent au plus près aux besoins des entreprises.

Mais 2020, c’est aussi la multiplication des stratégies européennes en faveur du climat au travers des multiples déclinaisons du Green Deal : Stratégie de la Fourche à la Fourchette, Stratégie Méthane, Stratégie Déforestation importée… La décarbonation de notre agriculture constitue un enjeu majeur souligné tant par ces stratégies que par le plan de Relance de l’économie annoncé par le gouvernement français.

Pour répondre à ce défi, la nutrition animale fait pleinement partie de la solution. Elle y apporte au quotidien sa contribution en œuvrant chaque jour à la réduction des impacts de l’élevage. Certains leviers sont bien connus, largement utilisés et en amélioration continue depuis de nombreuses années, l’évolution des indices de consommation en est la preuve la plus flagrante. L’impact de notre activité industrielle sur l’environnement est également une préoccupation de longue date avec une recherche permanente d’économie d’énergie tant sur notre process que sur notre logistique.

Au-delà, l’alimentation représente, selon les filières, 60 à 80% de l’impact carbone de l’élevage. Or, les matières premières pèsent pour environ 80% dans l’impact de l’aliment contre 20% pour la logistique et les process industriels associés. Agir sur les matières premières constitue donc notre premier levier pour améliorer le bilan carbone de l’élevage.

 La déforestation est au cœur du débat : En limitant la capacité naturelle des écosystèmes à absorber le CO2, elle est le premier contributeur de l’augmentation des Gaz à Effet de Serre dans l’atmosphère, devant le transport routier. Un travail de fond sur le sujet est engagé depuis plusieurs années par la nutrition animale collectivement avec DURALIM au travers de l’engagement « zéro déforestation » mais également individuellement par les coopératives au travers de leurs programmes de développement de filières structurées de production de protéines locales pour l’élevage et de réduction de leur dépendance au soja importé. Les nombreux projets remontés cet été pour alimenter la Stratégie National Protéines Végétales en témoignent.

Rappelons-le, aucun système alimentaire n’est durable sans les productions animales et sans une alimentation durable des animaux d’élevage. Dans ce cadre, les coopératives de nutrition animale ont un vrai savoir-faire qu’elles sont à même de mobiliser et de valoriser au service des filières animales.