Les matières premières

Le fait majeur de la campagne 2020/2021 (juillet-juin) restera la hausse importante du prix des principales matières premières utilisées dans l’alimentation des animaux. Ainsi, le prix des céréales a atteint des records en juin 2021. L’arrivée de la récolte 2021 a détendu le marché mais les cotations restent élevées, bien au-delà des prix observés les années précédentes. Pour les tourteaux, le pic a été atteint en février 2021, avant une légère décrue qui se poursuit au mois d’août 2021. Là-aussi les prix restant malgré tout à des niveaux exceptionnels.

 

L’énergie

En France, la récolte 2021 de blé tendre est attendue à 35 millions de tonnes, contre 29,2Mt en 2020, soit une hausse de 20%. Dans la moyenne des précédentes récoltes, elle reste cependant en-deçà de la production de 2019 (39,6Mt). Compte tenu des conditions climatiques à la moisson, la part de blé fourrager dans l’offre française devrait être plus importante cette année que les années précédentes.

Relativement stables en début d’année 2020, le prix des céréales a enregistré une hausse continue de fin août 2020 à février 2021, avant de légèrement diminuer en mars et avril pour mieux repartir à la hausse.

Les prix du maïs et de l’orge ont suivi une tendance similaire. En maïs, depuis le mois de juin, une offre quasi-inexistante pour la récolte 2020 s’est traduite par une envolée pour atteindre 292€/t en août 2021. Début septembre, avec une cotation à 222€/t, la nouvelle récolte se situe à un niveau qui reste élevé (+25,8%/sept. 20).

 

La protéine

De la fin 2018 au début 2020, les prix des tourteaux ont connu une relative stabilité avec un bon équilibre entre offre et demande. L’arrivée du confinement mi-mars 2020 avec un pic de commande d’aliments de la part des éleveurs et une baisse des demandes en biocarburant a temporairement fait augmenter le cours des tourteaux. A partir de septembre 2020, le retour aux achats de la Chine met le marché sous pression et tire les prix vers le haut. Le prix des tourteaux a continué sa forte progression jusqu‘au mois de janvier pour le soja et le colza et février pour le tournesol avant de se détendre à partir du mois de mars, tout en restant historiquement élevé.

 

Focus sur les tourteaux de soja non-OGM

Depuis fin mars 2021, le marché des tourteaux de soja non-OGM connaît une tension importante. Ainsi, la prime soja non-OGM qui était de 101€/t début mars est passé à 143€/t au 1er avril 2021 (+42%). Pendant plusieurs semaines, les cotations n’étaient plus disponibles que sur demande, signal d’une tension sur le marché et d’une moindre disponibilité. Depuis mi-juin, la cotation est relativement stable mais à un niveau très élevé, autour de 280€/t. Plusieurs facteurs concourent à la tension actuelle : une forte demande mondiale en soja standard, des incertitudes sur l’offre de nos principaux fournisseurs, notamment en matière de soja non OGM ainsi que sur leur capacité à livrer compte tenu de problématiques logistiques dues à la pandémie de covid 19.

 

Evolution des indices IPAA et IPAMPA

Sur la période de juillet 2020 à février 2021, l’indice IPAA[1], synthétisant le coût des principales matières premières, a connu une progression de 33,9%, dans le sillage des céréales et des tourteaux notamment. Depuis le mois de mars, l’indice est resté relativement stable mais reste élevé : +29% entre juillet 2020 et août 2021.

En conséquence, l’indice IPAMPA[2], qui reflète l’évolution du prix des aliments sortie usine, est en hausse continue depuis septembre 2020. Cependant son évolution est plus modérée tout en étant conséquente, avec une hausse de 12% sur la même période. Cette hausse moins importante du prix des aliments que de ceux des matières premières qui les composent s’explique notamment par l’optimisation des achats des matières premières et de la formulation par les fabricants qui permettent de tamponner les fortes variations de cours, tant à la hausse qu’à la baisse.

[1] Calculé par l’hebdomadaire « La Dépêche - Le Petit Meunier », évolution du prix en disponible d’un panier de 16 matières premières, représentatives des utilisations globales par les fabricants d’aliments.
[2] L’indice reflète l’évolution des prix de vente sortie usine des aliments composés observés par l’INSEE.


*IPAA : Indice des Prix des matières premières de l'Alimentation Animale
IPAMPA : Indice des Prix d'Achat des Moyens de Production Agricole

 

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La productions porcine

L’année 2020 a été marquée par une baisse du prix du porc qui est passé de 1,69€/kg en janvier à 1,33€/kg en janvier 2021 soit une baisse de 21,4% par rapport à janvier 2020. Cela malgré des légers sursauts en mars et au moment de la rentrée scolaire de septembre. Plusieurs facteurs ont impacté négativement le prix du porc notamment l’arrivée de la fièvre porcine africaine en Allemagne ainsi que les restrictions liées au COVID. Depuis février 2021, le prix du porc classe E progresse pour atteindre 1,67€/t en juin, soit une hausse de 25,2% lors du 1er semestre 2021. Cependant, au mois de juillet, le prix du porc a reculé de 12,5 ct (-7,5%/juin 2021) pour atteindre 1,54€/kg. Cette baisse estivale s’explique par une baisse généralisée sur le marché européen consécutive à une demande chinoise moins dynamique à laquelle est venue s’ajouter un été maussade, peu favorable aux grillades.

La production laitière

En 2020, la collecte de lait a progressé de 0,5% pour atteindre 110,7 millions de litres. Si la collecte a d’abord été dynamique au 1er trimestre (+2,5%/2019), elle a ensuite diminué lors du 2nd trimestre suite à une demande des opérateurs pour réduire la production. En 2021, sur la période janvier à début mai, la collecte de lait a reculé de 2,3% par rapport à 2020. Plusieurs phénomènes viennent se superposer pour expliquer cette baisse : décroissance du cheptel de vaches laitières, hausse des coûts de production et mauvaises conditions météos.

Concernant le prix du lait, l’année 2020 a commencé par une hausse du prix par rapport à 2019 avant d’entamer un décrochage à partir du mois de mars, baisse provoquée par un risque de surplus lié à la crise sanitaire qui a provoqué une incitation à diminuer la production et à une baisse du prix par les opérateurs. Ainsi, en décembre 2020, le prix standard du lait conventionnel (hors SIQO* et hors bio) était de 329,2€/1000 l, une baisse de 6,1€ par rapport à 2019. En parallèle, les coûts de production ont fortement augmenté, en lien avec la hausse du prix de l’aliment et de l’énergie.

En 2021, le prix standard du lait conventionnel était en retrait sur les mois de janvier à mars par rapport à 2020, avant de remonter en avril pour atteindre 330,3€/1 000l. Le prix a continué sa progression pour atteindre 341,7 €/1 000l au mois de juin, soit une hausse de 20€ par rapport à juin 2020.

Enfin, la consommation de produits laitiers a fortement été impactée par la crise covid en 2020 avec une hausse de l’achat des produits laitiers par les ménages. Ainsi, le lait UHT demi-écrémé a progressé de 3,5% sur l’année, tout comme les desserts lactés frais (+4,5%), le beurre (+9,4%) et les fromages au lait de vache (+7,9%).

*Signes d’Identification de Qualité et d’Origine

La production ovine

La production de viande ovine était de 82 500 TEC en 2020, stable par rapport à 2019, avec 7 300 TEC exportés (-17,0%) et 82 400 TEC importés (-10,3%). Le solde commercial reste négatif (-75 100t) mais a diminué de 9% par rapport à 2019. La production était en nette progression sur les 3 premiers mois de 2021. Cette augmentation était particulièrement importante en mars 2021 avec une hausse de 35,8% par rapport à 2020. Cette forte hausse en mars s’explique essentiellement par le décalage de la fête de Pâques, plus précoce cette année, avec un pic de consommation décalé d’avril à mars par rapport à 2020. Ainsi, à l’inverse, la production et la consommation de viande ovine reculent en avril. En mai et en juin 2021, la production française a reculé de respectivement 4,8% et 23,6%. En parallèle, les importations et les exportations sont en hausse sur le 1er semestre 2021. A noter que les importations depuis le Royaume-Uni sont en forte augmentation depuis le mois de mars, ce qui, lié à la forte hausse des exports, semble indiquer qu’une partie de la viande importée ne fait que transiter par la France.

Enfin, les prix sont historiquement hauts avec une moyenne en 2020 de 6,74€/kg pour les agneaux de boucherie (+9,1%/2019). En 2021, la cotation se maintient à des niveaux supérieurs aux précédentes années. Ainsi, début septembre, le prix moyen pondéré des agneaux de boucherie était de 7,25€/kg.

Les aliments composés pour animaux

Les statistiques mensuelles de production d’aliments pour animaux sont depuis de nombreuses années cogérées par La Coopération Agricole Nutrition Animale et le SNIA, sous mandat du Ministère de l’Agriculture. Ce mandat a été reconduit en 2020.

La production française d’aliments composés était de 20,8 millions de tonnes en 2020, en baisse de 0,4% par rapport à 2019, avec un faible impact de la crise covid, les baisses sur certains segments fortement liés à la RHD (canard, pintade, caille) ont été globalement compensées par des hausses sur les segments liés à la consommation à domicile (œufs et poulet notamment)

Plus précisément, pour les différentes filières, on observe :

  • Une stabilité en porcs (-0,1%)
  • Un léger recul en volailles (-0,4%) qui cache de fortes disparités entre les filières avec une baisse de 12,3% en palmipèdes mais une hausse de 4,5% en pondeuses
  • Une légère baisse en bovins hors mash (-0,4%) ainsi qu’en mash (-0,8%) mais une hausse de 2,2% en ovins et en caprins

Pour le 1er semestre 2021, la production d’aliments composés est en retrait de 0,7% avec une hausse en ruminants : +3,6% en bovins, +13,0% en ovins et +4,9 en caprins avec malgré tout une baisse de 0,6% en aliments mash. A l’inverse, les aliments porcs (-2,4%) et volailles (-2,9%) sont en baisse avec notamment une chute de 18,9% de la production en palmipèdes.

Enfin, pour l’ensemble de l’année 2021, la production d’aliments composés est attendue stable par rapport à 2019 à 20,8 Mt, avec une estimation de baisse de 1,0% en volailles, une stabilité en aliments porcs et une hausse de 1,5% en bovins.

Téléchargez ici le PDF des chiffres clefs 2021

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Les productions avicoles

L’œuf

Pour l’année 2020, les mises en place de poulettes d’un jour pour la production d’œufs était en progression de 5,9% par rapport à 2019. En parallèle, la consommation d’œufs à domicile a augmenté de 11% en 2020 par rapport à 2019, en lien avec les différents confinements. Cette forte hausse profite uniquement aux systèmes alternatifs : +125,9% pour le système au sol, +16,9% pour le bio et +13,9% pour le plein air. A l’inverse les œufs en cage reculent de 6,7%. Enfin, les exports d’œufs coquille sont en hausse de 61% vers l’UE mais en légère baisse (-2,8%) vers les pays tiers en 2020.

Pour le 1er trimestre 2021, les mises en place de poulettes d’un jour sont en hausse de 0,4% par rapport à l’année précédent. Les exportations sont également en hausse en ce début d’année, notamment vers l’Allemagne et l’Espagne.

 

Les volailles de chair

Poulets :

En filière poulet, les abattages de poulets standards et certifiés sont stables à +0,2% pour l’année 2020. En parallèle, la consommation des ménages, soutenue par les confinements, était en hausse de 12,3%. En effet, pour leurs achats en GMS (grande distribution), les consommateurs ont privilégié les viandes rapides à préparer (découpes de poulet, nuggets, panés, charcuteries de volailles, surgelés) au détriment des volailles entières et de certaines volailles spécialisées dont la pintade. Les exportations ainsi que les importations ont reculé en 2020, respectivement de 19,1% et 3,8%.

Sur les 6 premiers mois de l’année 2021, les abattages de poulets standards et certifiés sont en hausse de 3,7%. En parallèle, les stocks de viande de poulet restent en-deçà de leur niveau de 2020, avec une tendance baissière à l’approche de l’été. Au niveau des échanges internationaux, au premier semestre, les importations sont en hausse (+18,9% en volume) tout comme les exportations (+34,3%), marquant un retour aux schémas de consommation pré-covid, avec une forte reprise des importations de volailles à bas coût. Les échanges restent déficitaires avec 260 544 t importées (+41 404t) et 86 462 t exportées (+22 075t) de janvier à juin. Enfin, la consommation des ménages, après une hausse de 14,6% en janvier, est en retrait par rapport à 2020 pour les mois de février à juillet.

 

Dindes :

En filière dinde, les mises en place ont connu un recul de 3,1% en 2020. Concernant la consommation des ménages, elle est en hausse de 3,6% sur l’année, avec une hausse des importations (+1,4%) et une baisse des exportations (-14,3%) en 2020, freinées par des stocks importants au niveau européens.

Pour 2021, les mises en place sont en recul de 12,5% pour le cumul de janvier à juillet. Les stocks de dindes sont toujours très importants (+65,3% en juin/2020), à des niveaux très préoccupants, en conséquence des mois de fermeture de la RHD (restauration hors domicile) : la réouverture n’ayant pas encore fait effet pour résorber les stocks. Pour la période de janvier à juin, les importations ont progressé de 919 tonnes (+4,0%) tandis que les exportations ont diminuées de 6 764 (-24,9%), avec par conséquent une évolution négative des échanges pour la filière française qui reste à l’équilibre avec des exports et imports équivalent autour de 20 000 tonnes. De plus, si la consommation des ménages était en hausse en janvier et février, elle a fléchi depuis (-6,4% depuis le début de l’année) : l’effet COVID perdure en GMS mais ne comble pas la manque de consommation de la RHD.

 

Pintades :

En filière pintade, les mises en place reculent de 3,7% sur les 7 premiers mois de 2021 malgré une reprise depuis le mois d’avril.

Les abattages sont quant à eux en retrait de 20,3% pour les 5 premiers mois de l’année par rapport à 2020 et de 28% par rapport à 2019. En parallèle, dans un contexte généralisé de baisse des achats des ménages au premier semestre 2021 (Poulet -5,1% ; Dinde -6,6% ; Canard -18,3%), la consommation des ménages de pintades progresse de 7,1% sur le premier semestre 2021, notamment stimulée par Pâques.

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La production de viande bovine

Concernant les broutards, les exports ont reculé de 4,2% en 2020 (-45 00 têtes), du fait notamment d’un ralentissement des échanges au moment du confinement. La destination majoritaire reste l’Italie avec 81% du marché. Pour les jeunes bovins (mâles entre 12 et 24 mois), les abattages ont diminué de 1,4% en 2020, dans la continuité de la tendance à la baisse observée depuis plusieurs années.  Un stock important a été créé durant le confinement suite à la fermeture de la RHD et des débouchés à l’export, ce qui a eu un impact négatif sur le prix.

Au niveau des échanges, la balance commerciale reste négative en viande bovine à -64 700 TEC (tonnes équivalent carcasse), mais elle s’améliore par rapport à 2019 (-110 900 TEC). En effet, si les exportations ont reculé de 3,5%, les importations ont reculé plus fortement à -16%.

La consommation française de viande bovine était en recul de 2,2% en 2020 par rapport à 2019, malgré la hausse de 6,3% des achats des ménages qui ne suffit pas à compenser la baisse observée en RHD. A domicile, la consommation de viande hachée a fortement augmenté avec une progression de 10,1% en viande haché fraîche et de 17,6% en bœuf haché surgelé. Cela montre l’attrait, pour la consommation à domicile, d’une viande facile et rapide à préparer avec un coût moins onéreux que d’autres viandes.  En 2021, la consommation de viande bovine est en hausse de 1,6% au 1er semestre par rapport à 2020. A l’inverse, la consommation à domicile continue en juin le retrait observé depuis plusieurs mois. Cette baisse est à mettre en parallèle avec 2020 qui était une année exceptionnelle du fait des différents confinements qui ont modifiés les habitudes de consommation.